La parole à Lucile, volontaire en service civique au pôle orientation
Lucile, 22 ans, a décidé de s’investir en service civique au sein de Droit à l’école avant de poursuivre ses études en journalisme. Elle termine une mission de volontariat de 8 mois au pôle orientation de Droit à l’école : elle nous raconte son expérience.
Comment s’est fait la rencontre avec Droit à l’école ?
Je souhaitais depuis plusieurs années faire un service civique mais j’avais du mal à trouver une mission qui me correspondait. Je savais que voulais m’impliquer auprès des MNA et rapidement, je suis tombée sur l’offre de Droit à l’école qui mêlait des thématiques importantes pour moi : l’accès à la scolarisation, la protection de l’enfance et l’insertion sociale.
Tout s’est fait facilement ensuite. J’ai rencontré Pauline, ma tutrice, et d’autres membres de l’association et j’ai tout de suite su que je voulais en être ! Ces jeunes migrants sont motivés, touchants et volontaires. C’est une chance et c’est passionnant de pouvoir les aider à atteindre leurs objectifs.
Présente-nous le pôle orientation et tes missions en quelques mots…
Le pôle orientation a trois missions principales : – Faire découvrir le système scolaire français et l’orientation aux jeunes de l’école des sans école et ceux scolarisés en classe d’accueil ; – L’aide à la recherche de stage pour les jeunes déjà scolarisés ; – L’accompagnement dans le parcours d’apprentissage pour les futurs alternants.
Dans ce cadre-là, j’ai organisé des ateliers sur l’orientation et des présentations aux jeunes de tous les métiers qui existent ici et qui leur sont accessibles. Il y a beaucoup de professions qu’ils ne connaissent pas. J’ai aussi accompagné les jeunes dans les différentes étapes de leurs parcours, depuis le rendez-vous avec le rectorat jusqu’à l’entretien avec leur futur patron de stage.
Est-ce que cela t’a plu ?
Carrément ! Je suis devenue une spécialiste des CV colorés et je me suis découvert un don pour le démarchage téléphonique en appelant tous les plombiers d’île de France ! Plus sérieusement, le pôle orientation essaie d’autonomiser les jeunes le plus possible afin qu’ils puissent un jour réaliser les démarches seuls mais une présence bienveillante est souvent rassurante. Et c’est bien normal ! Je n’ai pas trouvé mes stages toute seule quand j’avais 16 ou 17 ans, moi aussi j’ai eu besoin d’un coup de main.
Quels sont les obstacles rencontrés par ces jeunes dans leur insertion professionnelle ?
Les obstacles sont nombreux, déjà parce que les jeunes sont souvent dans des situations très précaires. Ils sont pris dans des batailles juridiques difficiles, sont confrontés à des conditions de vie très compliquées et en plus ils doivent faire rapidement des choix importants pour le futur. En plus de ça, ils font parfois face à des préjugés, des craintes de la part des professeurs, des patrons ou des CPE. DAE les aide d’abord et surtout à prendre confiance en eux et à découvrir tout ce qu’ils sont capables d’accomplir. C’est un accompagnement précieux pour eux : ils savent que, s’ils en ont besoin, l’association les soutient à chaque étape et jusqu’au bout de leur intégration.
Quand tu parles à une entreprise, un.e patron.ne, un.e DRH, quels sont tes arguments pour les inciter à accueillir des jeunes en stage ou en apprentissage ?
D’abord, le fait qu’ils soient accompagnés par une association aussi solide que DAE doit les rassurer : ils ne sont pas seuls dans cet accompagnement et ont des interlocuteurs compétents à qui s’adresser. Ensuite, ces sont des jeunes sérieux, motivés, ponctuels et très travailleurs. Quand les jeunes vont ensuite se présenter, ils font souvent très bonne impression aux futurs employeurs. Les stagiaires et apprentis sont contents de rencontrer les équipes et de pouvoir se projeter au sein d’une entreprise qui leur tend la main.
Une anecdote ou un moment mémorable que tu as vécu pendant ta mission ?
J’ai eu beaucoup de beaux moments mais c’est toujours très inspirant de voir le parcours d’un jeune sur plusieurs mois. En décembre, j’ai rencontré un garçon découragé et stressé car il ne savait pas ce qu’il voulait faire comme formation. Après des résultats moyens à ses tests d’orientation (CIO) il avait été dirigé vers une classe d’attente plutôt qu’un bac pro, ce qui l’avait beaucoup déçu. Des bénévoles du pôle orientation se sont mobilisés et il a été inscrit in extremis dans un cap qui lui plaisait. La semaine dernière, nous sommes allés dîner dans le restaurant où il est en apprentissage, il paraissait ravi et parfaitement à sa place. C’est génial de le voir transformé et épanoui aujourd’hui !
Tu termines ta mission, comment souhaites-tu t’engager à DAE par la suite ?
J’aimerais continuer à donner un coup de main au pôle orientation à l’occasion mais je souhaiterais surtout m’investir dans les pôles référents scolaires et plaidoyer. L’accompagnement des référents scolaires est capital pour qu’ils puissent accomplir au mieux leur mission auprès des jeunes. Le bon fonctionnement du pôle référent scolaire permettrait également d’alléger le travail des salariées et du pôle orientation. C’est un de mes projets pour la suite. Et je suis aussi ravie d’avoir été élue au Conseil d’Administration de l’association !