Pourriez-vous nous présenter votre parcours ?
Professeur de l’Éducation Nationale depuis maintenant 13 ans, j’ai passé il y a 9 ans la certification complémentaire en français seconde langue pour pouvoir enseigner en classe d’Unité Pédagogique pour Élèves Allophones Arrivants (UPE2A).
Ce choix d’orientation est né d’une forte volonté d’engagement, d’être davantage « utile ». Je suis sensible au parcours de ces jeunes et foncièrement conscient qu’iels ont besoin d’un suivi pédagogique adapté et spécifique. Je suis aujourd’hui le professeur de Lettres et Histoire en classe UPE2A au lycée professionnel Dorian à Paris.
Comment se différencie une classe UPE2A d’une classe ordinaire ?
Les élèves sont maximum 15 par classe, avec environ 18h de cours par semaine. Les profils des jeunes sont très variés. Au sein d’une même classe, il peut y avoir des jeunes allophones (personne dont la langue maternelle est une langue étrangère dans la communauté où elle se trouve), des jeunes qui ne sont jamais allé.e.s à l’école, ou des jeunes qui ont des acquis en français. Certain.e.s par exemple savent s’exprimer en français mais ont besoin d’être alphabétisé.e.s. Leur point commun : le manque d’école et la volonté évidente d’apprendre et de réussir en France !
Les méthodes d’apprentissage sont aussi bien différentes. L’objectif est qu’iels disposent d’un socle de connaissances, notamment les bases de l’expression écrite et orale. Mais l’apprentissage va plus loin que les matières scolaires. On leur apprend à apprendre, à s’exprimer, à donner leur avis, et on les accompagne dans leur réflexion sur leur choix d’orientation professionnelle. Iels ont aussi un grand besoin d’encadrement. Notre rôle en tant que professeur.e est de veiller à ce que la classe soit la plus apaisée afin que chacun progresse au mieux. De par leur situation de forte précarité, la dimension humaine et sociale est forcément plus forte dans notre mission en tant qu’enseignant.e.
Comment appréhendez-vous le suivi par notre association de certain.e.s de vos élèves ?
Les enjeux sont nombreux et complexes pour ces jeunes aux parcours bouleversés et décousus. Les référent.e.s scolaires de Droit à l’école permettent d’avoir un.e interlocuteur.trice régulier.e tout au long de l’année. Cet appui nous aide notamment à anticiper l’accompagnement vers l’orientation professionnelle, qui est un enjeu majeur. La scolarité de ces jeunes va plus loin que l’enseignement ordinaire, d’où la nécessité de cette main tendue que représentent les référent.e.s scolaires bénévoles pour les jeunes.