La scolarisation des MIE en région parisienne

Le chemin qui mène à la scolarisation en collège ou en lycée professionnel ou en formation en alternance est semé d’embûches. Le.la jeune devra passer des tests de niveau et « régulariser sa situation ». Cette régularisation n’est pas simple, en particulier s’iel est à la rue. Pourtant, dormir sous la tente en plein Paris n’a rien à voir avec le niveau scolaire, ni avec la soif d’apprendre.
 
La situation des adolescent.e.s non (encore) pris.es en charge par l’ASE et n’ayant pas fait de demande d’asile est très difficile. Parfois sans issue. C’est pour ces jeunes que nous nous battons tous les jours.
Il faut bien le dire, l’Académie de Paris, les rectorats ne supportent pas l’idée qu’un.e jeune « techniquement à la rue » puisse aller à l’école. Ce faisant, iels opposent presque systématique un refus « officieux » à la scolarisation de ces jeunes mineur.e.s. Néanmoins nous savons que l’école est le seul moyen pour elleux de garder un peu d’espoir et de s’intégrer dans la société française qui les accueille.

L’école est aussi la seule institution bienveillante qu’iels vont trouver sur leur chemin de galère avant leur régularisation. Des jeunes MIE, malgré une tente pour seul toit, ont fait d’excellent.e.s élèves….

Certain.e.s MIE sont hébergé.e.s par des bénévoles du réseau, certain.e.s sont pris.es en charge par l’ASE (Aide sociale à l’enfance). Iels devront passer des tests au CASNAV ou dans un CIO qui vont déterminer leur niveau scolaire. Rappelons que si certain.e.s MIE ont un niveau scolaire plus ou moins équivalent à celui des jeunes français.e.s du même âge, nombreux.ses sont celleux qui ont été à peine scolarisé.e.s dans leur pays d’origine, qui ne savent pas écrire ni compter.


A l’issue des tests, deux types de parcours leur sont proposés en fonction des académies, de leur niveau, de leur age et de leur situation :

– Soit l’intégration dans une classe de collège général ou de lycée pour ceux dont le niveau est équivalent à celui d’une classe d’âge française. Le plus souvent ces jeunes seront scolarisé.e.s en lycée professionnel pour préparer un CAP ou en seconde professionnelle.

– Soit l’intégration dans une classe d’accueil (UPE2A) au collège pour les moins de 16 ans, ou en lycée pour les plus de 16 ans.

Il existe dans certaines académies comme celle de Paris :

– des classes d’accueil UPE2A-NSA (non scolarisé.e.s auparavant) qui insistent sur les bases de la langue française, ouvrent sur la culture française et préparent à la classe UPE2A-LP ou directement à un CAP

– des classes d’accueil UPE2A-LP (lycée professionnel) de remise à niveau. Ces classes sont destinées, généralement, à celleux qui ont un niveau de fin de primaire ou début de collège. l’enjeu est que ces jeunes puissent intégrer un CAP ou une seconde professionnelle l’année suivante.


Néanmoins, certaines académies n’ont pas de classes d’accueil pour les plus de 16 ans. Parfois, il n’y a même pas de classes d’accueil pour celleux qui n’ont jamais été à l’école.

Bref, l’orientation des uns et des autres est un casse-tête quotidien.

L’orientation vers les Centres de Formation des Apprentis, les CFA, qui ne dépendent pas de l’Education nationale, n’est possible que lorsque le.la jeune est à même de signer un contrat de travail avec son « patron » dans ce qui s’appelle une formation en alternance.

Si le.la jeune intègre un collège ou un lycée qui dépend du ministère de l’Education nationale, iel aura un statut d’élève. Un statut protégé, notamment au regard de sa régularisation. S’il entre en CFA, il perd ce statut. Le.la jeune qui suit une formation en alternance — c’est-à-dire une partie du temps dans l’entreprise et l’autre à l’école — aura un statut de salarié.e, moins protecteur mais qui lui permettra de gagner un peu d’argent.


Pour autant, entrer en CFA n’est pas simple.


Le.la jeune devra avoir des documents d’identité reconnus et sa situation devra être régularisée auprès du juge, au cours de l’année de ses 18 ans. Faute de quoi, sans titre de séjour, iel ne sera pas autorisé.e à travailler dans une entreprise, même en tant qu’apprenti.e. Le patron, préférant ne pas se mettre « hors des clous », pourra mettre un terme à sa formation en alternance à tout moment.