Quand un grand lycée parisien s’engage…

Depuis septembre 2021, le prestigieux lycée Charlemagne au cœur du Marais ouvre ses portes aux élèves de Droit à l’Ecole. Une initiative solidaire portée par son proviseur Jean-Luc Guéret. Rencontre.

 

Comment est née la collaboration entre votre lycée et Droit à l’école ?

 

J’ai découvert votre association et la problématique des jeunes mineur.e.s isolé.e.s qui ne peuvent pas accéder à l’école en écoutant France Inter. J’ai aussitôt pris contact avec l’association pour savoir comment, en tant que chef d’établissement, je pouvais être utile…
Concrètement, en quoi consiste le partenariat avec Droit à l’école ?

Dans un premier temps, le Conseil d’Administration du lycée a voté deux conventions d’utilisation des locaux de la cité scolaire : la première pour mettre à votre disposition une salle de classe du collège pendant le temps scolaire, la seconde pour autoriser la mise en place d’activités hors temps scolaire. Ainsi, depuis la rentrée, des cours encadrés par les bénévoles de l’association ont lieu tous les jours dans la salle réservée à l’École des Sans École. Les jeunes accueilli.e.s peuvent aussi déjeuner à la cantine le midi comme tous les élèves de la cité scolaire.
L’objectif était ensuite de mobiliser les lycéen.ne.s sur des projets concrets.

Quel premier bilan tirez-vous à l’issue du premier trimestre ?

La cohabitation au quotidien se passe bien !
La situation sanitaire n’a pas facilité les choses mais un premier tournoi de volley réunissant des jeunes de DAE et des lycéen.ne.s de Charlemagne a été organisé à la veille des vacances de Noël, au gymnase du lycée. Encadré par deux professeures d’EPS, il a permis aux jeunes migrant.e.s de découvrir un nouveau sport et à tous d’échanger. Nous espérons pouvoir organiser d’autres tournois de basket ou de foot.
Parallèlement, une trentaine de lycéen.ne.s a manifesté la volonté de s’investir dans des projets avec l’association : certain.e.s individuellement et sont devenu.e.s bénévoles (cours, soutien, sorties culturelles), d’autres à travers des projets collectifs au sein du lycée. Nous préparons actuellement une ou plusieurs séances consacrées à un échange interculturel autour des valeurs de la République. Un atelier informatique est en projet. D’autres idées et propositions que nous n’avions pas au départ émergent au fur et à mesure et enrichissent le partenariat : un jeune de DAE fera son stage de 3 semaines en cuisine à partir du 24 janvier.

Quel est le retour des lycéen.ne.s ?

Les lycéen.ne.s ont montré beaucoup d’intérêt, que ce soit collectivement à travers le Conseil de la Vie Lycéenne (CVL) ou la Maison des Lycéens (MDL), mais aussi individuellement.
Plusieurs, je l’ai déjà dit, se sont rapproché.e.s spontanément de l’association et y sont actif.ve.s.
D’autres (parfois les mêmes !) ont proposé de faire participer des jeunes de DAE à nos sorties scolaires (cinéma), ont proposé de donner les sweat-shirts avec le logo Charlemagne invendus à l’association, etc.
 
Que diriez-vous à celleux qui souhaiteraient s’engager comme vous l’avez fait ou qui hésitent…

Je recommande à mes collègues enseignant.e.s et chef.fe.s d’établissement d’oser ce type de démarche qui, certes, sort de notre cadre habituel, mais constitue un bienfait pour tous : s’il s’agit d’offrir aux jeunes des possibilités, certainement pas si communes, de rencontrer des jeunes de leur âge, d’échanger et de participer à des projets communs, c’est aussi l’occasion pour nos lycéen.ne.s bien intégré.e.s de s’enrichir à leur contact et de s’investir dans des actions de solidarité. Leur enthousiasme fait plaisir à voir !